à Cayenne (Guyane Française), MM. Gérard BRACHET, Directeur Général du CNES (Centre
National d’Etudes Spatiales), et Robert GUTERMANN, Directeur du CHC (Centre Hospitalier Andrée-Rosemon de
Cayenne), signeront un accord portant sur un projet pilote d’implantation d’un réseau de télé-consultations médicales par
satellite sur sites isolés en Guyane.

Cette signature sera l’aboutissement d’un partenariat, mené depuis un an par les deux organismes, relatif aux apports des
systèmes spatiaux dans le domaine de la santé en Guyane.

§ Télémédecine sur sites isolés : une première nationale

La convention vise à déterminer les conditions de coopération entre le CNES et le CHC, pour la mise en œuvre d’un réseau
expérimental de télé consultations médicales en Guyane française, basé sur un système de télé médecine par satellite
développé par le CNES.

L’objectif consiste à réaliser une étude pilote de longue durée (6 mois) permettant une validation clinique, logistique et
économique du système, sur quatre sites représentatifs des problèmes médicaux et d’organisation logistique de l’intérieur du
département de la Guyane. Les centres de santé de Saint-Georges, Trois-Sauts, Maripasoula et Antecum-Pata seront chacun
équipés d’une station portable de télé médecine.

A noter, ce déploiement sur sites réels d’un système pré opérationnel civil de télé médecine par satellite, mis en œuvre par
des hospitaliers pour un service public est une première en France et sur le continent sud-américain.

A l’issue de l’expérimentation et après validation, le projet sera développé sur d’autres sites isolés..

§ Rappel : déjà un an de partenariat avec les professionnels de la santé de Guyane

Rappelons qu’un colloque avait été organisé en avril 2000 par la Mission Guyane du CNES, en partenariat avec les
socioprofessionnels et les acteurs du secteur de la santé publique de Guyane, sur le thème, ” Apports des nouvelles
technologies aux systèmes de santé publique : Télé-Assistance, Télé-Consultation, Télé-Epidémiologie, Télé- Diagnostic “.

En octobre 2000, une démonstration de télé consultation avait pour objectifs d’évaluer l’adéquation réelle entre le matériel
proposé (la station portable de télé médecine du CNES) et la demande du corps médical en Guyane ainsi que de vérifier le
fonctionnement opérationnel et technique du système en milieu isolé en Guyane.

L’ensemble du projet a été coordonné dans le cadre d’un programme d’actions du CNES, “Espace et Santé” ; issu des
Rencontres “Espace et Société” initiées par le Ministère de la Recherche et de la Technologie, il vise à mieux faire connaître
les apports des systèmes spatiaux dans le domaine de la santé.

Ce thème a également été retenu par la Fédération Hospitalière de France pour son congrès annuel qui se déroulera à Kourou
en mars 2002.

Contacts presse :

CNES/CSG : Marie-Françoise BAHLOUL – Tél. : 0594 33 32 67 – Port. : 0594 23 09 73

CNES Paris – Sandra LALY – tel. 01 44 76 77 32 – Port. : 06 08 48 39 31

Les apports du satellite à la Télémédecine

Les récentes décisions gouvernementales en matière d’informatisation du système de santé, la maturité des nouvelles
technologies de l’information et de la communication, le développement d’Internet sont autant de facteurs favorisant la
télémédecine dont le développement va s’amplifier dans les années à venir.

Les technologies spatiales peuvent offrir des services uniques dont pourra bénéficier la télémédecine, en particulier :

– l’accès aux moyens de communication, en tout point et en toutes circonstances,

– une diffusion économique à large échelle,

– une couverture globale, pour des services de localisation et d’observation de la Terre.

Trois thèmes majeurs pour lesquels l’apport des systèmes satellitaires est jugé prioritaire par la communauté médicale ont
été identifiés : la télé-consultation sur site isolé, la télé-assistance de patients à risques et la télé-épidémiologie.

Enjeux des systèmes spatiaux pour la télémédecine

Les enjeux liés au développement et à la mise en œuvre des services multimédias par satellite concernent à la fois des aspects
économiques, sociaux et culturels.

Sur le plan économique, deux aspects sont à considérer :

– d’une part, si la médecine du XXIe siècle est basée sur la prévention, l’introduction de l’approche satellitaire doit permettre
des économies d’échelle en matière de santé publique, évaluées selon les pays entre 1,5 et 10% de leurs dépenses de santé ;

– d’autre part, l’impact sur le développement de nouveaux services et métiers ayant comme conséquence la création d’emplois
spécifiques, est évident : organisation et diffusion de nouveaux services, éditeurs de programmes, correspondants de
télémédecine, etc.

Au niveau social, l’utilisation du satellite en télémédecine doit permettre un accès équitable à la Santé pour tous
(“Télémédecine citoyenne”) ce qui permettra, par ailleurs, le maintien de structures de proximité opérationnelles favorisant
ainsi les aspects d’aménagement du territoire.

Enfin, sur le plan culturel, les nouvelles technologies de l’information et de la communication permettront la promotion du
savoir-faire médical français et le maintien de la zone d’influence francophone.

Le satellite, grâce à ses capacités de couverture large et simultanée de très vastes régions, de déploiement rapide et à ses
performances inégalables pour tous les services en mode de diffusion, permettra de répondre à une exigence essentielle :
“Offrir à tous une équité d’accès”, ce qui aura comme conséquence immédiate le désenclavement de zones mal desservies par
les réseaux d’infrastructures terrestres pour des raisons géographiques ou à la suite de catastrophes naturelles ou encore à la
suite de flux migratoires.

La consultation sur site isolé doit logiquement bénéficier des nouvelles technologies de l’information et de la communication
grâce en partie à l’approche satellite :

– grandes capacités de communication simultanées sur de vastes zones géographiques : large bande, un point à plusieurs
points, liaisons bidirectionnelles, etc.

– diffusion de données interactives à faible coût,

– la large couverture géographique, la notion de mobilité, la rapidité du service et la souplesse de configuration représentent
les atouts majeurs du spatial quant à l’accès aux soins.

La télé-consultation sur site isolé

La télé-consultation médicale consiste en une activité médicale conduisant à un diagnostic et à la mise en œuvre d’une
conduite thérapeutique, qui en télémédecine est faite à distance, le plus souvent à partir d’un site isolé – que ce site soit
statique (région géographiquement isolée, ou à la suite d’une catastrophe naturelle, plate-forme pétrolière etc.) ou mobile
(transport maritime, transport aérien, expéditions terrestres civiles ou militaires, flux migratoires de populations, etc.).

Cette activité pourra dans certains cas spécifiques être mise en œuvre par du personnel non médical (personnel paramédical,
officier de santé, personnel navigant, etc.), l’expertise médicale étant dans ces cas-là à plusieurs centaines ou milliers de
kilomètres.

C’est ainsi que Médès, à la demande du CNES, a développé une station portable de télémédecine utilisant les potentialités
des nouveaux services de télécommunication offerts par les systèmes spatiaux (Inmarsat, Globalstar…). Le système
actuellement développé est un prototype d’une station de télé-assistance médicale pouvant être adapté à différents contextes
d’utilisation, en particulier en terme de spécialités médicales (cardiologie, périnatologie, biologie, imagerie, etc.). Le principe
d’utilisation consiste en l’amélioration du recueil et de la transmission d’informations médicales objectives via satellite vers un
centre de régulation et d’expertise médicale.

Les caractéristiques techniques du modèle de base (d’un poids d’environ sept kilogrammes pour les dimensions suivantes : 47
x 38,7 x 17,5 cm) sont :

– un enregistreur numérique ECG (1 et 12 dérivations),

– un appareil photo numérique avec possibilité d’adaptation sur un microscope pour un télédiagnostic d’anatomo-cytologie
ou une lecture de lame en hématologie,

– un brassard de tension automatique,

– un oxymètre de pouls, un thermomètre à capteur infrarouge, un détecteur de glycémie,

– un PC portable associé à un système de transmission Inmarsat, un téléphone GSM et un GPS.

Cette base technique générique peut être adaptée en fonction des besoins exprimés par les utilisateurs et des systèmes de
télécommunications disponibles : station d’imagerie statique (coupes d’anatomie pathologique ou d’images endoscopiques)
et/ou dynamique (échocardiographie, péri-natologie, suivi à distance des grossesses à risque), station de biologie/biochimie,
station d’électrophysiologie (ECG, EMG, EEG).

Le CNES, à la demande de la communauté des utilisateurs, a participé à la mise en œuvre d’un certain nombre de validations
opérationnelles et techniques sur site isolé avant d’initialiser les phases de validation clinique en grandeur réelle :

– avec le Centre de Consultations Médicales Maritime du CHU de Toulouse et dans le cadre de l’assistance médicale
maritime (transport de passagers entre la métropole et la Corse),

– avec le service médical de l’Institut Polaire et la Marine Nationale dans un contexte d’assistance médicale lors des raids d’été
en Antarctique qui a duré plusieurs mois et qui a permis de tester la robustesse des différentes composantes de la station,

– en collaboration avec Médecins du Monde, utilisation dans un contexte de télédiagnostic microscopique depuis un site isolé
au Cambodge vers différents centres d’expertise en France,

– en rapport avec le Centre Hospitalier de Cayenne et le Samu 973, dans le cadre du support médical des zones isolées de la
forêt amazonienne.

Dès novembre 2001 débuteront les essais techniques de validation de la station portable à bord des longs Courriers (A
340-600).

Enfin, d’une part dans le cadre de la Fissa (ONG affiliée à l’ONU) et d’autre part à la demande du Gouvernement Indien, deux
études de faisabilité, afin d’implanter respectivement au Sénégal et en Inde des réseaux de télé-consultation utilisant la
transmission satellitaire, viennent de débuter sous la responsabilité de DEE/NSA.

La télé-assistance

L’assistance aux personnes consiste à monitorer à distance des données relatives à la santé et en cas d’anomalie à transmettre
ces données vers un centre qui mettra en œuvre, le cas échéant, une procédure d’assistance.

Le patient est équipé d’un système de monitoring spécifique à une fonction biologique, de génération d’alarme et de
localisation, le tout étant relié à un centre d’assistance.

Il existe de très nombreuses indications de la télé-assistance :

– le suivi médical de certains patients comme les diabétiques sous insuline, les cardiaques présentant des troubles du rythme
cardiaque, les nourrissons avec les risques d’apnée,

– la surveillance de potentiels accidents chez des personnes à risques : chute de la personne âgée, assistance aux voyageurs,
etc.,

– la surveillance d’appareillages médicaux implantés.

Les technologies spatiales permettent deux fonctions indispensables pour l’assistance aux personnes : la collecte et la
transmission de données en temps réel, indépendamment du site et de l’heure ; la localisation du patient avec une précision
de l’ordre de dix mètres.

Deux démonstrations viennent de débuter en collaboration avec les services de diabétologie et de gériatrie des Hôpitaux de
Toulouse, dans le cadre du suivi à distance des patients sous insuline dont le diabète est difficile à équilibrer et d’autre part
dans le cadre de la surveillance de personnes âgées à fort risque de chute.

Partenariat avec la communauté des utilisateurs

Les activités de télémédecine, au CNES, sont structurées dans le cadre de projets avec des objectifs qui, dans une première
phase, sont techniques et opérationnels. Cette phase est suivie d’une phase de validation en grandeur réelle afin de démontrer
sous la responsabilité des utilisateurs l’intérêt du service, via le satellite.

Ces phases de démonstration sont conduites en partenariat étroit avec la communauté des utilisateurs et avec le support du
Ministère de la Recherche, du Secrétariat d’État à la Santé, de la Direction Générale de l’Armement et du Ministère des
Affaires Étrangères.

Enfin, un Comité de Pilotage est chargé de conseiller le CNES sur ses orientations en matière d’apports de l’Espace à la
télémédecine et d’émettre un avis sur la qualité des travaux réalisés et de leur conformité avec les lois d’éthique et le code de
déontologie médicale.